Cultiver la présence au repas (avec des enfants à table)

« Manger en pleine conscience », la nouvelle injonction ? Et puis comment faire, au bureau, le soir avec mes enfants qui m’accaparent ? Et puis c’est mal si je ne suis pas en conscience ? Et puis, et puis… ? Stop ! Et si on parlait plutôt de présence au repas… tout en gardant de la douceur envers soi ?

Pas mieux, pas pire !

Non, ça n’est pas mieux chez les autres, et pas pire chez moi ! C’est ce que je me dis, alors que je tente d’attraper une crêpe entre deux, alors que mes enfants se jettent dessus. Ou quand je me demande quelle bonne idée j’ai eu de faire de la semoule qui fini inévitablement égrenée sur le sol. Ou quand je n’ai même pas pu prendre une bouchée alors que le premier servi a terminé et en redemande. Ou quand je finis par engloutir quelques bouchées en vitesse parce que j’ai juste trop faim. Comment dans cette ambiance porter un peu, juste un tout petit peu d’attention à son assiette et à ses sensations ? Mission impossible ? Peut-être pas ! Pas mieux chez les autres, pas pire chez vous ! Mon expérience n’est pas un exemple ni une vérité… simplement ma propre expérience qui m’amène une certaine humilité.

S’offrir quelques minutes de SAS de décompression en amont

Et si pour bien s’occuper des autres, on commençait par prendre soin de soi ? Lors de turbulences violentes dans un avion, on nous enjoint à s’équiper du masque à oxygène, puis à équiper nos enfants. C’est pareil au quotidien. Cumul de stress pendant la journée ? La soupape est nécessaire. Pour vous. Pour les autres.

Etre présent au repas, pour soi et pour les autres, ça se prépare en amont. Les parents, notamment dans la période où les enfants sont en bas-âge, connaissent tous ce fameux tunnel retour-du-boulot-j’enchaine-transport-bain-dîner-dodo, usant ! On ajoute une petite couche de « il faut » & « je dois », la machine à pensées turbine à fond, et le stress est au max suite à une journée de boulot. Alors avant de se lancer dans « l’arène », on peut décider, en amont, d’une action à mettre en place pour s’offrir un SAS de décompression. Prendre une collation au boulot, écouter de la musique pendant le trajet du retour, se changer et enfiler votre pull préféré en arrivant, payer 15min de nounou en plus pour pouvoir marcher et s’aérer avant d’arriver à la maison, prendre quelques respirations sur une minute, etc. Et plusieurs pause dans une journée, c’est encore plus bénéfique. Essayez, vous verrez ! Une fois, dès demain : c’est un beau cadeau que vous vous faites !

Abandonner l’idée d’un but à atteindre

La perfection n’est pas de ce monde, encore moins avec une joyeuse marmaille autour de la table. Joyeuse ? qui épuise parfois aussi : nourriture qui tombe par terre, chamaillerie, niveau sonore atteignant les aigus un poil crispant, petit dernier qui ne tient pas en place, le conjoint en retard. Parfois tout cela cumulé ! Comment accueillez vous cette imperfection ? Peut-être ces miettes que vous n’allez pas ramasser, l’idée que le repas n’est pas équilibré / comme vous l’auriez souhaité ? Quelles sont les pensées là, tout de suite, maintenant : « pourquoi c’est toujours le bordel chez moi ? » (et pas chez les autres, bien sûr, hein), « je vais encore finir mon repas froid », « j’ai gagné un coup de nettoyage après ». Ca met quoi en tension ? Ca vous aide ou ça épuise votre énergie vitale ? Mère de 4 (jeunes) enfants, je sais à quel point ce « joyeux bordel » peut nous faire vivre un véritable ascenseur émotionnel : non, c’est pas mieux chez moi, mais la bonne nouvelle, c’est que l’on peut entraîner et muscler cette capacité de présence ! Et on a tout à fait le droit de rêver d’un repas sans enfant aussi !

Laissez de côté l’attente que vous allez être focalisé sur votre assiette, 100% à l’écoute de votre corps, pendant de longues minutes. Un instant par ci et par là, ce sera déjà énorme ! Une touche d’attention.

Et si c’était simplement mettre de la curiosité avec douceur ?

Côté logistique, on voit ce que l’on peut faire facilement pour être plus présent, par exemple en évitant les écrans s’il y en a, à table. On peut aussi décider avec souplesse, en fonction de ses propres contraintes, si l’on dîne systématiquement avec les enfants ou pas, avec ou sans le conjoint. Il n’y a pas de réponse unique, et c’est une question que j’aide le patient à explorer en amont, et à revisiter. Ce qui est fonctionnel pour l’un ne l’est pas forcément pour l’autre. La routine peut varier selon les jours. J’encourage à tester, à changer, et à observer comment cela se passe, et à ajuster selon. Aucun ne sera parfait, faites au mieux !

Faire au mieux, selon le contexte ! photo Unsplash
Présence au repas plutôt que pleine conscience

Le mot « pleine » renvoie l’idée d’un absolu, idéal. Tout le repas ou c’est raté. Complètement ou c’est raté. L’idée est de développer une attention souple, sous forme d’allers et retours entre son assiette, ses sensations corporelles et ce qui se passe autour, dans l’environnement tel qu’il est. Et parfois, ça ne fonctionne pas du tout, et c’est pas grave. Poser l’intention est déjà un acte conscient, bravo !

En réalité, il n’y a pas une manière unique d’être en présence pendant le repas. Quelques idées, je vous invite à en choisir une seule pour démarrer :

  • Prendre un instant pour remercier, ou s’auto-remercier d’avoir contribué à ce repas : chouette exercice de gratitude à faire avec les enfants ! On a tendance à valoriser les efforts des autres, de nos enfants, du conjoint, mais nous sommes-nous simplement remercié ?
  • Au moment de la préparation du repas / du service de votre assiette, porter une attention à l’aspect visuel, s’imprégner des odeurs. Est-ce que votre assiette vous plaît ? Couleur, odeur ? Ca vous fait saliver ? Ca active un souvenir ?
  • Porter attention à la première bouchée du repas, ou d’une composante : Texture, saveur ? Plaisir en bouche ? Longueur en bouche ?
  • Jouez avec vos enfants à faire les critiques gastronomes du repas sur un aliment en particulier : cela vous amènera à porter attention à certaines bouchées. Ca me donne envie ? Qu’est-ce qui me dit que ça me donne envie (mes yeux, mon nez ??). C’est bon ? Pourquoi ? Qu’est-ce qui se passe ?
  • Observer la salivation, les mouvements de la mâchoire, de la langue, la déglutition, sur une bouchée ou deux.
  • Noter une pensée qui vous traverse en lien avec le repas. « Tiens, j’ai la pensée que… ».
  • Allez vers le corps : tiens, comment je me sens là ? Et si je m’interroge sur mon rassasiement, quelle partie de mon corps suis-je en train observer ? Un endroit précis ? Plus diffus ? Et si je posais ma main sur cet endroit qui me dit que je suis rassasié ? Mon estomac ? Tiens, mais est-ce que je sais où est mon estomac ?
  • Etc…

Piochez juste une toute petite chose parmi ces idées ! Portez une brève attention aux émotions que cela vous procure de les mettre en place.

Offrez-vous un repas solo… à planifier !

Un luxe souvent quand on a des enfants ! Les enfants, mais aussi le boulot et autres sollicitations : quel était votre tout dernier repas solo ? A quelle fréquence ? Est-ce que vous avez aimé, ou détestez-vous cela ? Si un repas solo vous est trop pénible, c’est ok, laissez cette proposition. Autrement, je vous propose de prendre votre agenda, et de poser ce repas solo comme un rendez-vous. Allez-y, faites-le ! Essayez de faire de ce moment un moment de présence en toute bienveillance envers vous-même. En gardant la même souplesse que pendant le repas en famille, et sans y mettre une exigence supérieure. Et comparez. L’idée n’est pas de vous inciter à manger seul, souvent : un repas, c’est de la convivialité et du partage. Je vous propose plutôt de vivre cela comme une expérience.

 Pleine conscience ou présence au repas ? Essayez de mettre en place une toute petite action, qui vous parait réalisable sans trop d’effort pour démarrer 🙂 Pas mieux chez les autres, pas pire chez vous, n’oubliez pas cela !

En consultation, je peux vous aider à explorer ces aspects, en travaillant avec des outils de l’alimentation en pleine conscience, adaptés à vos besoins propres. N’hésitez pas à prendre rendez-vous ou à m’écrire votre problématique !

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