Depuis 2016, nous partons quasi tous les ans 6 à 12 jours en itinérance à vélo, d’abord à 5 (mais déjà enceinte de ma 4ème), puis à 6, avec carriole, remorque et matériel de camping. Un sentiment de liberté unique, une (re)connexion à la nature salutaire. Depuis quelques mois, on me contacte régulièrement pour des conseils, et un billet de blog m’a été demandé sur les réseaux sociaux… alors je vous fais un récap ici :
A dimensionner pour la famille
L’important est que tous y trouvent leur compte. Nos aînés ont pédalé sur le parcours à partir de 6 ans. Avant c’était la carriole ! Mais cette année, mon 3ème qui a fêté ses 5 ans en juin était tellement énergique et motivé qu’on aurait pu imaginer le faire pédaler avec une barre de traction pour le reposer parfois : à l’arrivée il faisait des tours de camping avec le vélo de son grand frère ! Nos enfants les plus jeunes ont fait leur premier voyage à un an, avec un réducteur adapté dans une remorque elle-aussi adaptée (avec amortisseurs etc). Nous n’avons pas mégoté sur la qualité du matériel en investissant dans une remorque biplace Thule Chariot Corsaire 2 pour environ 800 euros accessoires inclus : ce modèle n’existe plus, la collection a été renouvelée, et elle est malheureusement beaucoup plus chère. Si vous vous projetez sur plusieurs années avec de jeunes enfants, sur des itinéraires de plus de 200km à la semaine, ne prenez pas un premier prix, regardez la suspension, la solidité. Regardez sur les sites d’occasion, mais il faut être à l’affût ! Il existe d’autres marques aussi qualitatives que Thule.
Niveau distance quotidienne, prévoir +/- 30km, un peu moins la première année ou avec des enfants plus jeunes. Nous choisissons des voies vertes, donc sans voiture, et (quasi) sans dénivelé. Les enfants même à 6 ans bouclent sans problème une journée de 25km (mon 5 ans fait la grande boucle du parc du Château de Versailles 13-15km sans souci pendant l’année), et vers 7-8 ans 35-40km. Les parents tractant enfants et matériel dans une remorque galèrent bien plus ! La différence est énorme en fonction du revêtement. L’an dernier, entre Strasbourg et Besançon, principalement goudronnée, nous avalions 50km facilement en dépassant les 15km/heure. Cette année, en Bretagne, avec des enfants plus grands, sur chemin, 40km était une performance sportive (pour les parents), on fait à peine 12km/heure sans pause ! Surtout, tant que vous tirez une charge, prenez des itinéraires avec le moins de dénivelé possible : les faux-plats montants vous permettront déjà de muscler les cuisses !!! L’idée n’est pas d’en faire une performance sportive, je vous donne juste quelques indicateurs pour dimensionner correctement vos étapes 😉
Les itinéraires & le logement
Nous repérons nos itinéraires sur le site AF3V, qui dispose d’une carte interactive et ne choisissons donc que les trajets indiqués en rose ou violet (voies vertes rugueuses ou lisses). Ce sont très souvent des sentiers de halage le long des canaux. Il faut penser à la logistique de récupération de la voiture quand les itinéraires ne bouclent pas (en train). Les itinéraires réalisés :
- Canal de Bourgogne de Migennes à Dijon en 2016 – 220 km – 7 jours
- Canal des Deux Mers d’Agen au Bassin d’Arcachon en 2016 – 280 km – 10 jours
- Canal de Nantes à Brest de Redon à Guerlédan avec retour par l’ancienne voie ferrée (Loudéac, Merdrignac) afin de boucler en 2018 – 350 km – 12 jours
- Canal du Rhône au Rhin, de Strasbourg à Besançon en 2019 – 320km – 12 jours dont 2 jours de pause
- Voie verte du Blavet, Canal de Nantes à Brest puis ancienne voie ferrée d’Hennebont à Concarneau en passant par Pontivy et Port-de-Carhaix en 2020 – 210km – 6 jours
Le Canal de Bourgogne ou de Nantes à Brest se prêtent très bien à un premier essai. Nous avons choisi de passer nos nuits en camping pour plus de flexibilité, la longueur de nos étapes sont souvent dictées par la localisation des hébergements. Nous avons parfois réservé des haltes en dur (gîte d’étape, logement insolite type yourte) et avec le recul, ça nous parait pertinent de le faire tous les 5 jours environ. S’il pleut par exemple, même par intermittence, cela permet de se poser et faire sécher matériel et affaires et de recharger les batteries. Il y a en général toujours de la place dans les campings pour les vélo-touristes. Les seules exceptions rencontrées ont été sur le Bassin d’Arcachon, Strasbourg, Colmar, soient les grosses villes touristiques, et bien nous en a pris de réserver celles-ci car ces campings affichaient complets à l’arrivée. Si vous faites une portion de la Vélodyssée sur la côte Atlantique, je vous recommande de réserver. Ne pas tout réserver d’avance nous a permis des ajustements de dernière minute.
Comptez que la logistique prend un peu de temps, surtout tant que les enfants aident de façon limitée pour planter une tente : monter le camp prend un peu moins d’une heure + courses quotidiennes. Le matin, nous n’avons jamais réussi à partir en moins de 2h-2h30 à partir de l’heure du réveil (petit déj’ + rangement, chargement). On essaie de couper le trajet en deux avec le déj au milieu et nous avons toujours des surprises en route : des canards qui traversent le chemin, des mûres à ramasser, une écluse en fonctionnement laissant passer une péniche !
Côté matériel
Des VTT bien entretenus font l’affaire. Voici ce que chacun transporte :
- Mon mari : la remorque Thule avec 2 enfants (1 l’an prochain, youhouh !), 2 sacoches Ortlieb 35L, 1 tente Ultralight Decathlon de 4 places avec auvent sur porte bagage.
- Moi : une remorque matériel sans marque achetée sur Le Bon Coin, 2 sacoches Décathlon 30L, 1 tente légère Decathlon 3 places sur porte bagage, 1 grosse sacoche de guidon Ortlieb super étanche et très pratique
- Mon aîné, depuis qu’il a 9 ans : 2 sacoches 20L raisonnablement chargées
- Mon deuxième aura des sacoches l’an prochain quand il changera de vélo, il a hâte 😉
Nous emportons en général des vêtements pour 6 jours en mode minimaliste et prévoyons une lessive tous les 5 jours + trousse de toilettes commune + serviettes de toilettes + kway + maillots compatibles piscine + gamelle / popote / réchaud + glacière souple (le modèle autogonflant de chez Décathlon tient très bien la chaleur) + 4 pains de glace + 2 bâches + kit réparation vélo + trousse de secours + tout le matériel de couchage (qui occupe quand même les 2 grosses sacoches de mon mari).
S’alimenter en itinérance
Sujet hautement important ! Honnêtement, c’est pas le gros kiff de cuisiner sur réchaud pour 6. Les repas du midi sont toujours froids (picnic), et le soir, c’est la fête lorsqu’il y a un camion pizza ou une autre option restauration correcte sur place qui nous dispense de cuisiner. Certains campings, en général les plus modestes, proposent une cuisine ou un BBQ pour les campeurs (vous n’aurez jamais ça dans les 3* et plus… les 4* ne vivent que pour les campings cars et les mobil home et refusent de vous prendre les pains de glace dans le congélo… car ils les vendent !). Les petits campings avec cuisine, je les repère en avance et fais alors un repas amélioré. Sinon, franchement, on tourne beaucoup aux pâtes ou à la semoule (cuisson express) et ratatouille ou légumes au lait de coco et curry et on se fait plaisir sur une autre partie des vacances ou en dégustant des glaces artisanales ;-). Nous faisons les courses quasi quotidiennement, notre glacière nous permettant de conserver au frais les courses pour le soir + lendemain midi. Trouver une bière artisanale fraîche à l’arrivée est le petit plaisir du jour.
Pensez que dans les coins les plus paumés, aucun commerce ne sera potentiellement ouvert du samedi soir au mardi matin… éventuellement avec un peu de chance vous trouverez un magasin ouvert le dimanche matin OU le lundi. Prévoir en avance les courses et cibler les adresses. Dans la pire configuration, il m’est arrivé de faire un AR de 18km à vélo (après une journée de 25km) pour ravitailler la famille, ou de rêver à une glace ou boisson fraîche après 50km en plein cagnard et de ne rien trouver, même au camping qui n’avait pas d’épicerie (on s’en souvient encore 2 ans après : nous avions de quoi dîner mais pas la bière fraîche !). La plupart des campings proposent une livraison de pain pour le petit déj’.
On en redemande !
Nous adorons ce mode de vacances et aimons prévoir environ 1 semaine par an sur ce mode là, parfois deux. La pluie est notre talon d’Achille, nous avons été globalement épargnés, mais avons eu tous les ans 1 journée complète de vélo sous la pluie : tout le monde a gardé le moral et ce sont de bons souvenirs car nous avons pu être au sec le soir ou le lendemain. Ces vacances soudent la famille, cultivent le goût pour le grand air et l’effort, permettent de ralentir, tout en nous permettant de découvrir notre pays différemment.
Sentez-vous libre de commenter cet article, de me poser des questions, je complèterai !
8 réponses
Quel beau projet, quelle énergie… Merci de partager. Nous avons fait le tour du lac de Constance à Vélo en famille (9 ans, 6 ans et 4 ans) mais via une agence et nous dormions à l’hôtel… C’est moins l’aventure! Néanmoins c’était l’assurance d’avoir une bière fraîche à l’arrivée 😉
Le parcours est agréable et il y avait quelques familles en autonomie comme vous.
C’est agréable aussi de le faire avec tout le confort 🙂
Un grand merci pour cet article. Nous pensons nous lancer l’an prochain mais peut-être sur une formule plus courte de 3 ou 4 jours. En tous cas, ton article va nous être bien utile!
Merci beaucoup ! Il y a vraiment plein de chouettes parcours à faire, dès 3 ou 4 jours. Dans ce cas, le mieux est de rester relativement proche de son domicile (2-3h de route max avant le départ ou un court trajet en train).
Hello,
Merci pour le post, ca me dit depuis quelques temps de faire ca avec la famille.
Question bete: comment tu fais si tu pars d’une grande ville ? Genre depuis Paris, tu emmenes tout en voiture ? Cariole et velos ? et ensuite tu passes en velo quand tu es sortie de Paris ?
Merci beaucoup !
Ces périples ont eu lieu lors de nos grandes vacances, du coup nous emportions carioles et vélos sur la voiture (coffre et porte vélo) jusqu’au départ qui en général se trouvait assez proche d’un lieu où nous étions en vacances avant ou après. Nous n’avons pas pris le train avec l’ensemble du bazar car les enfants sont encore trop jeunes pour nous aider à porter tout le bazar dans le train. Lorsque nos itinéraires ne bouclent pas, nous laissons la voiture proche d’une gare et l’un de nous va la récupérer à la fin du périple en train (donc nous arrivons dans une ville avec une gare également).
Oki, merci pour les precisions 😉
Merci beaucoup pour cet article très intéressant !