Et si nous devenions flexitariens ?

Croyez-moi ou non, j’ai rédigé le brouillon de ce billet avant l’appel au « lundi vert », entre Noël et Nouvel An. Donc non, mon billet n’est pas une conséquence de cette campagne, mais prend sa source dans ma conviction personnelle que l’élevage industriel n’apporte rien de positif et que nous avons une conception erronée de la nécessité de consommer de la viande à tous les repas. Je l’ai voulu assez pragmatique : diagnostic de sa propre consommation, pistes pour réduire. Faut-il tous devenir totalement végétarien / végétalien ? Je ne le pense pas. Réduire sa consommation au profit de viande mieux élevées, pour réduire son empreinte écologique et préserver sa santé ? Boycotter les viandes issues de l’élevage industriel et favoriser les circuits courts, viandes provenant de petits élevages ? Assurément.

Etablir son « diagnostic » consommation de viande

On peut penser consommer peu de viande ou au contraire beaucoup, mais en réalité se tromper. La première chose à faire est effectivement de faire son propre bilan, en répondant à ces questions (non limitatives), sur une semaine type :

  • quel(s) jour(s) de la semaine je consomme de la viande ? à quel(s) repas ?
  • de quel type: pièce de viande brute cuisinée par vos soins ou dérivé de viande dans un plat préparé (typiquement lasagnes industrielles, boulettes, etc), à la maison, en restauration collective, en restauration rapide, au restaurant, chez des amis ?
  • de quelle provenance géographique? « Viande de nulle part » comme le disait une fameuse campagne ou française ? Locale ?
  • quel type d’approvisionnement? supermarché, boucher de proximité, producteur que je connais ?
  • quel type d’élevage ?
  • quel budget hebdomadaire (ou mensuel selon ce qu’il vous est plus facile de calculer) ?
  • quand je mange ces plats, quels est le plaisir que j’en retire ? La viande est-elle vraiment un « plus » (selon le plat) ? Quels sont les plats de viande que j’apprécie vraiment ?
  • de quoi ai-je envie, dans le fond ? pourquoi ? Si je réduis, pour quelle(s) raison(s) ? par quoi remplacer ? qu’est-ce qui me bloque (crainte de carences, manque d’idées de recettes alternatives, autre ?) ?

Faites un tableau avec une semaine type.

En lignes, la liste des repas : lundi midi, lundi soir, mardi midi, etc… (vous pouvez ajouter d’autres repas si vous avez pour habitude de prendre 1 tranche de jambon au petit déjà.

En colonnes : lieu du repas, type de préparation, origine, type d’approvisionnement.

Faites une analyse rapide, le tableau va vous guider.

Note : vous pouvez élargir votre questionnement aux autres protéines animales : poissons, œufs…

La chasse aux viande de mauvaise qualité, mal élevées

On peut penser manger peu de viande en oubliant par exemple les sauces type bolognaise, les charcuteries, les viandes hachées, la farce des raviolis, etc. Certains plats peuvent être très satisfaisants, selon les goûts de chacun : une entrecôte goûteuse de viande de qualité, une très bonne blanquette, un poulet rôti fermier, alors que des raviolis à la viande, un steak trop dur peuvent être peu satisfaisants, des viandes provenant de la restauration collective être mal cuisinées, ou de qualité très moyenne (ce qui se ressent gustativement).

Les deux grands coupables sont en premier lieu : les plats industriels et la restauration collective dont les approvisionnements proviennent quasi exclusivement de l’élevage industriel. Ne rêvons pas, le but est de proposer un plat le moins cher possible : faible quantité de viande dans les plats préparés, provenance pas toujours claire , qualité moyenne de la matière première, et pour la restauration collective, techniques de maintien en température qui altèrent souvent la texture. Evitez-les autant que possible.

Des pistes pour réduire
  1. Supprimer les produits carnés provenant de plats industriels, y compris les sauces type bolognaise : mieux vaut une sauce végétarienne plutôt qu’une sauce avec tellement peu de quantité viande qu’elle n’apporte rien d’un point de vue nutritif et gustatif. Faites une vraie bolognaise de temps en temps, avec de la viande dont vous connaissez l’origine.
  2. Ne plus choisir les produits pseudo-industriel de la restauration collective : typiquement à base de viande hachée, transformée (boulettes, lasagnes, nuggets, etc.) ou les charcuteries, dés de jambon des salades et autres de la restauration collective. En général ce sont des produits qui donnent une impression de trop gras et/ou trop salés après les avoir consommées. Il s’agit de viande de mauvaise qualité.
  3. Bannir la viande de supermarché, surtout si le prix est tellement alléchant que ça en est suspect (entendu à la radio « Alerte chez L*dl, les côtes de porc à 2,87 euros le kilo ». Soyons sérieux, vous croyez qu’il vient d’où votre porc ? qu’il a mangé quoi ? ou alors on vous vend un paquet d’os et de gras).
  4. Bannir toute viande que vous pensez être issue de l’élevage industriel (voir points 1. 2. 3.).
  5. Eviter d’une manière générale, tout ce qui ne vous parait pas appétissant, ne vous a pas laissé un bon souvenir la dernière fois que vous l’avez pris.
  6. Supprimer totalement la viande le soir (hors invitation, par exemple). N’oubliez pas que vos enfants ont de la viande le midi à la cantine.
  7. Instaurer un jour par semaine sans viande (« meatless monday », « jeudi veggie »…). J’avais rédigé le premier jet de ce billet avant l’appel au « lundi vert », comme quoi 😉
  8. Favoriser les viandes (de qualité, bien élevées) lors des repas fait-maison, lorsque vous invitez, pour un repas amélioré le week-end : vous l’apprécierez encore plus.
Moins mais mieux, vers le flexitarisme ?

Reprenez votre budget hebdomadaire, et calculez l’équivalent que vous pouvez acheter par circuit court, colis de viande que vous mettez au congélateur, ou viande de boucherie. Regardez les prix, c’est parfois surprenant (ne rêvez pas cependant, nous ne trouverez PAS de viande à 2,87 euros le kilos, mais selon le type de morceaux et de viande, un colis direct producteur autour de 15 euros le kilo, c’est possible). Privilégiez des sources de qualitéRemplacez la viande d’une partie de vos repas par d’autres sources de protéines éventuellement animales (œufs, fromage) mais aussi végétales. Alors on remet au goût du jour pois chiche, lentilles vertes ou corail, pois cassés, haricots blancs ou rouges qui bien préparés, sont rassasiants et savoureux, tout en étant économiques. Dans le cadre d’une alimentation variée, laissant une place aux œufs et fromages, et de temps en temps à la viande ou au poisson, pas de risque majeur de carence.

Ne remplaçons pas un produit industriel par un autre : un steak végétal est souvent un produit industriel, à la composition pas forcément idéale, et souvent onéreux (le prix au kilo peut vous guider). Mieux vaut mettre des légumineuses dans l’assiette, ou se faire une omelette avec des œufs fermiers. Faire des galettes maison à base de lentilles plutôt que de manger un steak végétal industriel.

Flexitarien ? Les définitions varient, mais en gros, il s’agit de personnes ayant un régime principalement végétarien, mais mangeant de la viande ou du poisson au gré d’un repas de famille, d’un repas festif ou « en société ».  La majorité des repas sont végétariens. Et si c’était la clé, à la fois pour protéger notre santé, et la planète ? Commençons petit à petit, à partir des pistes proposées.

Mes adresses
Plats maison en mode « plaisir », viandes ou poissons aux origines connues

La viande, quand j’en consomme, elle doit être de bonne qualité, bien élevée : « moins mais mieux ». Comme je ne l’achète pas au supermarché du coin, ça limite forcément la quantité. Et malgré tout, je sais que je peux encore diminuer, sans en être frustrée, et sans non plus devenir végétarienne (car je ne le souhaite pas, tout simplement). Comme beaucoup d’entre vous, je prends beaucoup de repas à l’extérieur, et n’ai donc pas toujours la maîtrise de ce que je consomme : restauration collective, sandwich sur le pouce… Je pense manger encore trop de viande pour me définir flexitarienne. Mais je m’adapte, j’avance petit à petit, guidée par le « moins mais mieux ». Un burger ou des nuggets ? Oui mais fait maison, avec de la viande dont je connais la provenance. Un pot-au-feu ou une blanquette le dimanche reste un plaisir que nous ne boudons pas. Mais la viande du couscous de la cantine, les dés de jambon de leur salade où l’on devine le gras gélatineux, j’évite.

Voici quelques adresses de producteurs auprès desquels je m’approvisionne, ils livrent dans pas mal de zones, et peuvent rajouter des étapes si la demande est suffisante. Quand j’aime, je partage :

  • Bœuf et porc : Je commande 2 à 3 fois par an des colis au Domaine de Bellecour, élevage familial de bœuf Highland et de porc, qui livre dans l’Allier, en région parisienne, à Lyon, dans le Sud de la France, et plus, selon la demande.
  • Volailles : Je commande 4-5 fois par an des poulets entiers que je congèle à la Ferme des 2L, basée dans le Sud Charente. Découpe également disponible. Les livraisons se font régulièrement en région parisienne, dans le Sud-Ouest, et même à Clermont-Ferrand. Allez voir la carte interactive disponible sur le site.
  • Agneau : Plus confidentiel, je commande une fois par an de l’agneau à la ferme de Pierrelaye, basée à Beaumontel, dans l’Eure.
  • Poisson : j’ai découvert Poiscaille, chez qui je commande 2 fois par mois : pêche française respecteuse (me contacter pour un parrainage qui vous permettra d’obtenir un code promo de 10 euros sur votre premier casier, abonnement résiliable à tout moment).
  • Occasionnellement : boucherie de quartier, puis au gré de nos lieux de vacances etc.

Alors, vous avez fait le point ? Où en êtes-vous de votre consommation de viande ?

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4 réponses

  1. Super article. .. faudrait que je fasse un point effectivement. .. mais je crois que le préalable à la conso de viande directe du producteur au consommateur c’est le congélateur. .. que je n’ai pas… à réfléchir donc !! Mais je peux déjà commencer par réduire la part de viande. .. ne restera plus ensuite qu’à changer l’approvisionnement !

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