Faut-il planquer les légumes pour que les enfants en mangent?

Votre enfant ne jure que par le triptyque riz-pâte-pomme de terre? Les haricots beurre, ça peut passer sur un malentendu (vu qu’ils sont blancs), mais la moindre pointe de vert transforme le repas en un cauchemar? Vous êtes littéralement désespéré(e), et tous les moyens sont bons (niark niark niark) pour faire avaler courgettes et épinards à votre progéniture. Jusqu’où irez-vous? [dites-moi en commentaire]

Analyser les causes du rejet

J’ai 4 enfants âgés de 7 mois à 7 ans, et je constate sur mes petits « cobayes », plutôt bien sensibilisés côté légumes, qu’il y a des phases. Ma dernière est à la limité du haut-le-coeur sur des purées de haricots vert, mon 3ème va dévorer tous les épinards de sa part de quiche (et laisser la croûte), mon 2ème n’a pas son pareil pour détecter les oignons mais adore les radis et mon aîné va à peu près tout manger, sauf si un copain ou un cousin exprime un air de dégoût sur le même plat. Et pourtant je me souviens de phases où mes aînés, encore bébé, serraient parfois les lèvres aussi forts qu’ils pouvaient plutôt que d’avaler des légumes (verts) ou alors ces moments où je mettais de la sauce tomate un peu partout (si!). Bref, on ne désespère pas, les goûts évoluent!

Simple réticence ou dégoût réel? Permanent ou passager? Et vous, quelle est votre appétence aux légumes? Les appréciez-vous et si oui le montrez-vous à vos enfants?

La tentation de planquer

On commence par les lasagnes au légumes, mais sauce tomate et fromages ne suffisent plus à masquer les courgettes? Alors on tente les épinards sous une tonne de crème. Que celui ou celle qui n’a jamais tenté de mettre une tonne de fromage râpé ou de ketchup sur des légumes me jette la première pierre (je l’ai fait). Puis quand ça ne marche plus, on va proposer des purées avec plus de pomme de terre et de carottes que de brocolis, ou des soupes aux couleurs indéfinissables. Au moins ce n’est plus vert, au mieux on fini avec un truc qui tire sur l’orangé… au pire… pas besoin de vous faire un dessin. Et on ne dira plus à l’enfant qu’il y a le légume tant détesté. Voire on va mentir. Et là, on brise la confiance. Si l’enfant se sent trahi, c’est perdu. Donc planquer pour planquer, pour faire manger des légumes à son enfant à l’insu de son plein gré, mauvaise stratégie.

(Ré)apprivoiser et rendre appétissant

Il existe cependant une « saine » façon de « cacher » des légumes. Prenons les gâteaux de légumes, par exemple. Mais il s’agit là, non pas de les cacher véritablement, mais de montrer les légumes sous un autre jour. Brownie à l’aubergine ou zucchini bread à la courgette. Gâteau carotte chocolat ou muffin à la betterave. Gâteau au potimarron et à l’orange, voire un sorbet aux herbes. L’idée n’est pas de mentir à l’enfant. On peut présenter cela sous la forme d’un jeu: « deviner l’ingrédient mystère », leur demander s’ils aiment ou pas. En général, ils aiment (sauf s’ils ont envie de vous em… juste pour se venger de votre précédente trahison ;-). Et leur expliquer ce que le légume apporte: une texture moelleuse (courgette), une pointe sucrée (carotte) et aussi de la couleur (betterave). Vos enfants commenceront à changer leur regard, et même à être fier d’avoir mangé un muffin courgette-chocolat.

gâteau courgette aubergine
Zucchini Bread et « Brownie » à l’aubergine

 

L’étape suivante, c’est alors de réintroduire les légumes dans les plats que les enfants aiment à la base: pizza, pâtes, burgers, crêpes. Pourquoi « forcer » vos enfants à manger des légumes vapeurs alors qu’une pizza à la courgette, ou un gâteau de légumes (aux blettes) sera bien plus savoureux et gourmand pour toute la famille, et incitera vos enfants à manger des légumes avec plaisir? On ne va pas mettre les enfants au régime, non plus (JAMAIS)! C’est vraiment l’occasion de ré-apprendre à toute la famille de mettre les légumes au centre du repas, et de les accommoder de façon gourmande. Quand on a envie d’en manger, c’est gagné. La semaine dernière, j’ai fait des pâtes au chou romanesco à mes enfants (ils adorent ce légume qui ressemble à un arbre): ils se sont resservis et ont fini le chou avant les pâtes! Ca ne marche pas avec tout, mais si l’envie est là…

Un lent travail sur, le long terme, pour reprendre de bonnes habitudes

Je vous invite à (re)lire mon billet, comprenant des astuces « pour des enfants qui mangent de tout (ou presque). Piochez la dedans, c’est du testé et approuvé, et pas que par ma famille!

Pour aller plus loin, deux ouvrages

Terre Vivante publie régulièrement des ouvrages sur des thèmes qui me sont chers, en voici deux pour piocher quelques idées:

Livres Terre Vivante légumes

Des légumes en dessert (Louise Broaweys et Hélène Schernberg): j’y ai pioché quelques recettes, dont le brownie à l’aubergine, des muffins à la betterave, le sorbet aux herbes ou encore le zucchini bread. Je n’ai pas encore testé les « osés », tels que la tarte Tatin figue-fenouil ou le cheesecake au panais et au poire. Un livre qui surfe un peu sur la vague du « sans », avec un certain nombre de recettes sans gluten et/ou vegan, mais cela peut être utile aux familles qui rencontrent de réelles intolérances.

Recettes saines et gourmandes pour enfants récalcitrants (Amandine Geers et Olivier Degorce): l’idée est vraiment d’éloigner les enfants de la junk food en proposant nuggets, frites ou burgers maison, mais aussi des recettes mettant les légumes à l’honneur comme cette « rémoulade (pas comme à la cantine!) et sauce à l’amande. Au passage, petit index des sauces en fin d’ouvrage, bien pratique!

Et mon chouchou parmi tous les ouvrages de la rentrée

marie chioca cuisine bio Si vous avez un budget livre limité, ou une bibliothèque rikiki, LE livre à s’offrir de toute urgence, c’est le dernier bébé de Marie Chioca, « La cuisine bio du quotidien ». Alors oui, il n’est pas axé légumes only, il s’agit là de tout type de recettes allant du gâteau de légumes (aux blettes!) au cookie géant à partager, le tian-ratatouille ou les frites au four de légumes d’automne. C’est classé par saison, ce ne sont que des recettes rapides, parfaites pour des repas familiaux : Marie Chioca a 6 enfants et moi 4, est-ce pour cela que je trouve ses recettes hyper adaptées « famille nombreuse » (ou pas)? Et ce que j’aime aussi dans cet ouvrage, c’est que les recettes se veulent économiques: Marie évite volontairement les ingrédients onéreux de la cuisine bio ou nous explique comment les substituer. J’ai déjà testé une bonne dizaine vingtaine de recettes du livre (sur une centaine): vous pouvez l’acheter les yeux fermés! C’est ma nouvelle référence.

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3 réponses

  1. Ça m’amuse beaucoup, toutes ces astuces pour obliger les enfants à manger des légumes… Mon garçon de 3 ans mange de tout, bon ok sauf de la salade verte mais il vient de tenter la mâche et ça l’a étonné d’avoir aimé… L’année dernière on a eu des problèmes avec les brocolis (ça le faisait vomir! ) mais on a réessayé récemment et c’est passé… Je me réjouis de voir qu’il dit «Mmh, ça a l’air bon! » devant une bête assiette haricots verts / carottes, et qu’il a autant de plaisir à déguster une poêlée fenouil-chou rave que des tortellinis au fromage (quand j’ai vraiment trop la flemme et que MOI j’ai besoin de gras 😉 )
    Alors ces fourbes astuces… Je ne sais pas, je n’ai jamais essayé!

    1. Je pense qu’il ne faut pas présenter les astuces comme fourbes, car c’est justement en mentant sciemment à son enfant qu’on obtient le plus de résistance. Mes enfants savent désormais quand ils mangent un gâteau à la courgette et le préparent même avec moi. Mais j’avoue c’est rigolo la première fois de leur faire deviner l’ingrédient mystère… et pas qu’à eux d’ailleurs.
      Mais surtout l’attitude des parents vis-à-vis des légumes est essentielle. Dur pour les parents qui n’aiment pas les légumes de les faire apprécier à leurs enfants.
      Globalement, je ne dois pas être trop à côté de la plaque car les légumes passent assez bien à la maison ou à la cantine, et parfois on s’amuse des petits loupés que personne n’aime : les galettes de légumes un peu foirées car les légumes râpés sont trop durs (pas assez cuits), la soupe trop amère (ça arrive) ou pleine de fils, la main lourde sur des herbes au goût un peu fort (la coriandre ça ne pardonne pas). Et j’ai beaucoup tâtonné pour en arriver là, mon aîné a probablement essuyé plus de plâtres que les autres.

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