Depuis 3 mois, je fais (enfin!) partie d’une AMAP, celle de Versailles Montreuil, mon quartier. Plus qu’une façon de s’approvisionner en légumes, cet engagement est pour moi un réel acte militant. Alors pourquoi s’engager dans une AMAP? Je vous en donne les raisons principale.
Qu’est ce qu’une AMAP?
AMAP = Association pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne. C’est un mode de distribution en circuit court (aucun intermédiaire en l’occurrence), où un ou des producteur(s) livrent chaque semaine ou chaque mois leurs produits. Les adhérents de l’AMAP, aussi appelés amapien.ne.s, ont signé un contrat annuel, renouvelable, et payé les produits en avance directement au producteur. On s’engage sur une année. En tant qu’amapien.ne, on s’engage aussi à aider de temps en temps aux distributions ou à prendre en charge d’autres tâches. Rien d’insurmontable, puisqu’avec 4 enfants et un boulot, j’y arrive (même si je vis quelques moments de solitude lorsque mes petits monstres enfants ne sont pas très sages lors des distrib’).
Souvent, une AMAP démarre avec un contrat avec un maraîcher, et s’étoffe éventuellement avec d’autres contrats (fruits, œufs, viande, pain, fromage, miel, etc).
Un acte militant
Il y a 3 ans, je rentrais en France après 9 belles années à l’autre bout du monde – Singapour – pays où l’on mange très bien, mais pays aussi extrêmement dépendant des exportations. Légumes traités et calibrés, souvent sans saveur – il fallait à tout pris éviter les importations chinoises (puis, après Fukishima, les japonaises) et tenter autant que possible d’acheter des produits de Malaisie, Thaïlande et Australie. Autant dire que le locavorisme était un doux rêve si on ne voulait pas uniquement consommer de la laitue ou du chou pak choï, le plus souvent ayant poussé hors-sol à l’autre bout de l’île. Je ne préfère même pas penser à l’empreinte carbone de ma consommation à cette époque. Mais c’est véritablement en France, dans un pays où on a le choix entre aller au supermarché ou trouver des alternatives, que j’ai (re)pris conscience que nos choix de consommations modèlent la société dans laquelle nous souhaitons vivre. Car au delà de la qualité et la saveur des produits (indéniables) en circuit-court, faire ses courses est aujourd’hui un acte militant. Manger = voter. Plus vrai que jamais. On parle désormais de « Consomm’acteur« . Et notre poids est réel car il est avéré que la grande distribution et les entreprises agro-alimentaires perdent doucement des parts de marché. OK on parle de fractions de % de marge mais pour eux c’est énorme, car zéro virgule quelque chose % x des millions d’euros voire plus, ça en fait une somme. Nous pouvons continuer de forcer la tendance.
Les bonnes raisons pour s’engager (le militantisme mais pas que):
- On rémunère à un prix juste le producteur, et en pratique tout le monde y gagne. Pour 11 euros dans mon AMAP, j’ai 3kg de légumes bio, et à vrai dire, mon panier frise souvent les 4kg. Evidemment nous sommes en été, et les légumes sont abondants. En hiver, les paniers seront probablement moins garnis. Mon panier bio me coûte moins cher que l’équivalent acheté au marché. Le prix est fixé en toute transparence par le producteur, et revu chaque année.
- On connait la provenance des produits, et on crée un lien avec le producteur. Sympa le producteur qui vous fait la bise le jour où vous êtes de distribution et s’intéresse à vos enfants venus ce jour là. Et qui vous invite à ramasser les courges au mois de septembre dans son exploitation. Tiens celle-là que je vais cuisiner demain, je crois que je l’ai reconnue 😉
- Les légumes sont d’une fraîcheur incomparables, cueillis le matin de la distribution. Explosion de saveurs dans l’assiette. C’était déjà le cas depuis que je vais à la cueillette, mais là c’est encore pire: je dois vraiment me faire violence pour acheter des légumes au supermarché (quand je n’ai pas le choix).
- On mange de saison et local: tomates, courgettes, aubergines, et poivron l’été – légumes racines l’hiver. Les légumes sont produits dans mon département, le producteur livrant plusieurs AMAP sur notre secteur. Locavore power!
- C’est pratique: J’ai mon panier toutes les semaines, tout prêt, je gagne du temps. Et on trouve toujours un(e) voisin(e) pour s’arranger le jour où on n’est pas là, où pour aller chercher les paniers à tour de rôle si besoin. Dans certaines AMAP, des contrats sont proposés pour un large panel de produits allant des légumes au pain, en passant par les œufs, les fruits et la viande. Vous récupérez alors la quasi totalité de vos courses de la semaine. Je vais toujours à la cueillette de temps en temps, plutôt pour les fruits en vue des confitures et au marché pour des produits précis.
- Pas besoin de faire sa liste de courses, on prend ce qu’on nous donne et on innove (et on progresse!) en cuisine. Ca peut stresser certaines personnes, mais on s’y fait très vite. Puis quand on connait les saisons, on se doute de toute façon de ce qui sera dans le panier. Moi j’adore, j’ai l’impression de revevoir un panier surprise chaque semaine.
- C’est zéro déchet: je récupère mes légumes dans un grand sac cabas et je le rends la semaine suivante.
- Finies les courses anonymes, où la seule personne à qui on adresse la parole est la caissière du supermarché (machinalement pour dire bonjour, merci et au revoir). On fait assez vite connaissance avec les autres amapien.ne.s et nous avons plaisir à donner un coup de main, se croiser aux distributions. Vive la convivalité.
- S’engager dans une AMAP en famille, c’est éveiller ses enfants à la saisonnalité des produits, certes, mais aussi en faire des consomm’acteurs engagés, eux aussi.
Mon engagement en AMAP est récent, mais franchement, je n’imagine pas revenir en arrière. Les bénéfices sont incomparables, et surtout c’est un mode de consommation qui a du sens pour moi. Si vous hésitez, un bon moyen d’essayer est de proposer de reprendre ponctuellement le panier d’un amapien, pendant ses vacances, par exemple.
Alors qu’attendez-vous pour vous renseigner, trouver l’AMAP la plus proche de chez vous? Ou en monter une s’il n’y en a pas!
9 réponses
Bonjour,
Merci pour cet article qui donne à réfléchir. Justement ces temps-ci je commence à me lasser un peu de la « routine » du marché tous les weekends, peut-être que le côté gain de temps de l’AMAP pourrait me convenir.
Je partage comme toi les mêmes réflexions sur la répercussion qu’ont nos achats au quotidien. La semaine dernière j’ai du acheter quelques fruits au supermarché, que je vais finir par jeter (ou compoter avec 3 tonnes de sucre) tellement la qualité est médiocre.
La cueillette vers chez nous est au final plus chère que le marché (c’est désespérant). Quant à la ferme bio voisine, au final elle produit peu et pratique beaucoup de revente, dont les fruits et légumes viennent souvent de l’étranger.
Dur dur de trouver un approvisionnement unique et « propre » !
Une cueillette plus chère qu’au marché, c’est désespérant, oui, vu que la main d’œuvre pour ramasser, c’est nous! Et selon la région dans laquelle on se trouve c’est plus ou moins facile. Sans compter que sur les marchés il faut bien distinguer producteur/maraîcher et primeur (qui lui ne fait que de la revente).
C’est vrai que c’est un mode d’achat sain tant sur le plan économique que gustatif ! Je reste sur le mode marché mais l’amap a du bon aussi pour le gain de temps !
Chaque circuit a ses avantages et inconvénients 🙂 Et l’AMAP est à 10min à pied de chez moi, donc c’est top aussi pour ça (gain de temps +++). Mais j’avoue que ce qui me séduit le plus, c’est vraiment l’esprit AMAP 😉
Bonjour Erika, merci pour cet article ! je me permets de rebondir sur la fin de votre article qui présente possibilité de reprendre ponctuellement des paniers d adhérents.
Ce système fait la richesse et la souplesse de l AMAP car car cela garantit aux amapiens la possibilite de revendre leur panier en cas d impossibilité d être présents à la distribution, même en dehors des vacances! J ai été intermitente (c est le terme officiel dans l association) pendant deux ans à Boulogne et ai toujours pu rependre un panier, ce système me convenait parfaitement car avec de jeunes enfants il.m etait impossible d assurer la distribution..
Au bout de deuw ans, j ai déménagé et stoppé l AMAP car j etais malgré tout un peu lassée des paniers d hiver (côtes de blettes, carottes, pdt et betteraves crues, parfois du céleri). Aussi je pose la question suivante : les producteurs qui fournissent les AMAP ont ils d autres circuits de distribution auxquels ils destinent des légumes moins « austères » et pourtant de saison?
À quels légumes moins austères pensez-vous ? Chez nous, le producteur écoule quasiment tout en AMAP. D’autres vont panacher les débouchés. Globalement en hiver, on a beaucoup de légumes racine, les courges de garde, blettes etc. Une solution est de prendre un panier un peu sous-dimensionné et de compléter à côté avec une autre source à proximité (biocoop, ruche, autre selon ce qui est dispo dans sa ville) pour augmenter la variété.