Convaincue de l’enjeu que représente une éducation alimentaire pour nos enfants, j’y consacre avec eux beaucoup de temps (masqué en fait). Non pas en leur disant « il faut / ne faut pas manger ceci ou cela », mais plutôt au fil du quotidien, en jouant sur des aspects éducatifs variés, et sans contrainte. Je ne vous propose pas une méthode miracle, mais plutôt une approche générale. Réfléchissez-y: faire les courses avec eux est l’occasion de leur apprendre du vocabulaire (les légumes par exemple) et discuter des saisons. Préparer une recette avec eux est une occasion de passer un bon moment avec eux, de les faire « patouiller » dans un mélange et découvrir des textures. On peut aussi mine de rien aborder des sujets tels que le gaspillage. Voici quelques pistes, à commencer dès le plus jeune âge…
- Un menu unique pour toute la famille (textures adaptées à l’âge). Aujourd’hui c’est le plat préféré du petit dernier, vendredi ce sera celui du grand et dimanche le dessert que maman aime tant. Et demain, on essaie un plat nouveau. Et oui, il y aura des légumes tous les jours.
- Cuisiner autant que possible des plats réalisés à partir d’ingrédients non transformés. Laisser traîner les enfants (en sécurité) autour de vous, lorsque vous cuisinez, leur montrer les ingrédients que vous utilisez. En général, ils demanderont à goûter sans même que vous leur proposiez.
- Montrer aux enfants comment le goût d’un ingrédient est influencé par sa préparation. Leur faire goûter par exemple un oignon cru. Puis le même oignon confit. Leur demander ce qu’ils en pensent: « tiens c’est sucré ».
- Créer des rituels tout en variant la composition des menus selon les saisons. Par exemple, le lundi, c’est une soupe: en été un gaspacho bien frais, à l’automne, une soupe de potimarron bien réconfortante. Changez la sauce des lasagnes en y ajoutant des légumes de saison.
- Avant de dire qu’on aime pas, on goûte une cuillerée. Si on aime pas, on essaie d’expliquer pourquoi: la couleur, ça pique… On en mange une petite portion. Pas de menu alternatif pour celui qui n’aime pas.
- Discuter avec eux de ce qu’ils ont mangé à la cantine, aimé ou pas.
- Les emmener faire les courses, au marché, à la cueillette, aller ramasser des châtaignes à l’automne, des mirabelles dans le jardin de mamie en été. Ils vont épater la galerie devant les étals, en séchant éventuellement sur les artichauts qu’ils n’arriveront pas à reconnaître.
- Trouver des attributs rigolos aux aliments. Les miens adorent le chou romanesco car ça ressemble à un petit arbre. Les frites de courgettes passent toutes seules… parce qu’elles ont la forme de frites et qu’on peut les manger avec les doigts.
- Pas d’aliments interdits. Les bonbons? Oui, mais de temps en temps, pour les anniversaires, par exemple. Ne pas en acheter en dehors de ces occasions pour éviter les crises à la maison. Le fast-food? Très occasionnellement. En leur expliquant que certains aliments sont très sucrés, en essayant de leur faire sentir que ça n’est pas parce qu’on a faim, qu’on mange du chocolat (on aura toujours faim après), mais que c’est bon (et que c’est la raison pour laquelle on en mange). Que s’ils mangent une banane, une pomme, ou une tartine, ils seront bien rassasiés. De même, éviter de se dire que certains aliments sont réservés aux adultes et d’autres aux enfants. Un enfant de 2 ans ne doit pas être cantonné au babybel et à la vache qui rit (le pauvre…) et doit pouvoir goûter de bons fromages de nos régions (au lait cru), par exemple! Seules les règles liées à la diversification des bébés doivent être scrupuleusement suivies la première année, de même si vous avez un enfant allergique.
- Manger avec les enfants, aussi souvent que votre emploi du temps le permet. En semaine, essayer d’instaurer un soir où tout le monde rentre plus tôt. Et si Papa et Maman veulent un temps à deux, prendre tout le repas en famille, sauf le dessert, que vous vous réservez pour après le coucher.
- Cuisiner des plats simples avec les enfants. Les faire garnir une pizza (oui on peut faire une pizza avec des courgettes!), préparer des gâteaux, écosser des petits pois… Ne pas hésiter à leur offrir un tablier adapté à leur taille, ils adorent.
- Dès qu’ils sont assez grands pour se servir, les laisser remplir leur assiette, en leur rappelant si nécessaire de se servir en fonction de leur appétit. Une règle: prendre de tout. Il est bon qu’ils prennent conscience de ce qu’ils peuvent manger et d’éviter le syndrôme du « tu dois terminer ton assiette » assez mauvais pour la régulation de l’appétit plus tard.
- Porter une attention particulière au petit-déjeuner. Si possible prendre le petit-déjeuner ensemble. Combien de parents, sans forcément le zapper, se réfugient sur une solution rapide style céréales ou pain au lait parce que ça s’avale vite (et limite ça se termine sur le chemin de l’école). Ils ne réclameront des céréales ou autres que si vous avez l’habitude de leur en proposer. Et si vous leur proposez du pain frais (congelé frais et sorti le matin c’est impec) avec de la bonne confiture, il n’y a pas de raison qu’un enfant de 4 ans ne parvienne pas à le manger. Je vois des enfants qui refusent un bon morceaux de baguette parce que à la maison ils ne mangent que des petits pains
pré-digérésindustriels (bourrés de cochonneries). Là aussi les rituels sont utiles, par exemple un petit-déjeuner amélioré le week-end. - Les goûter industriels dépannent bien, mais il existe des moyens simples de proposer plus régulièrement des goûters sains et variés. Voir mon billet ici. Les fruits dépannent bien, et les enfants sont plus contents qu’on ne le croit d’avoir une banane ou des clémentines. Combien de fois anticipons-nous leurs désirs en pensant qu’ils vont être frustrés de ne pas avoir tel ou tel biscuit (comme les copains)?
Au fond, ce sont surtout des conseils d’éveil culinaire. Je ne vous promets pas de miracle, mais je constate les parents qui appliquent certains de ces points ont moins de difficultés pour faire manger leurs enfants. Ça ne veut pas dire qu’ils mangent absolument de tout, les blocages restent normaux. Il y a des jours où vous allez vous énerver car ils ne mangent rien. Ça vous arrive aussi de ne pas avoir faim parce que vous avez été contrarié pendant la journée, n’est-ce pas? Parfois on lâche prise. Mais globalement, ces conseils portent des fruits positifs. Testé et approuvé chaque jour! N’oubliez pas le plus important : le pouvoir de l’exemple ! Si vous même faites la grimace en mangeant certains aliments, vos enfants vous imiteront.
Et n’oubliez pas, la notion de PLAISIR doit être centrale. Plaisir de bien manger, se régaler, de passer un moment à plusieurs.
Et vous, quelles sont vos astuces? N’hésitez pas à partager ce billet s’il vous a été utile!
11 réponses
Je suis d’accord sur toute la ligne !! ça paraît si évident en fait !! J’ai eu la chance de grandir sur ce modèle et le reproduire me parait simple !
C’est évidemment plus facile quand on a grandi sur le même modèle, car cela a finalement tellement marqué notre propre éducation. Et tu es aussi une maman qui cuisine beaucoup, va à la cueillette, etc 😉
Le 4 à fond car ça simplifie tellement la vie & les enfants sont curieux de voir le parfum de la soupe du lundi, du risotto du mercredi, ce que l’on va mettre dans les galettes du vendredi…
Je reste quand même persuadée qu’il y a beaucoup de l’exemple et du mimétisme dans tout ça, quand les parents mangent de tout, sont curieux et apprécient le temps des repas, les enfants aussi.
Trop cool article, merci Erika.
Merci Emma pour ton message 🙂
oh lala non moi cela me décourage… J’applique la plupart de ces conseils assez facilement car j’ai été élevée comme cela par contre le résultat dépend entièrement du caractère des enfants : j’en ai une qui est globalement facile mais pour faire manger l’aîné c’est un combat à chaque repas….
Je constate aussi à la maison que mes 3 enfants ne réagissent pas pareil et ne sont pas sensible au même choses ni aux même goûts. Il peut aussi y avoir d’autres facteurs: certains enfants traînent pour manger afin d’attirer l’attention; d’autres refusent des aliments pour d’une certaine façon prendre le pouvoir ou se rebeller (par rapport à des sujets qui peuvent être complètement déconnectés de la nourriture / du repas). Ça peut être une période temporaire aussi. Et ne culpabilisez pas!
Bonjour,
C’est la première fois que je laisse un commentaire… depuis le temps que je vous suis (Singapour… et le blog De miel et de sel aussi !).
Le sujet m’interpelle énormément, et je me retrouve point par point, ça fait du bien à lire !
Je pourrais en rajouter sur chaque point, mais ça serait trop long, alors au moins le 9, car moi aussi les aliments « spécial enfants » me sidèrent, le pire étant certainement le fromage enfant. Bref, chez nous surtout du bon fromage au lait cru ! Idem pour les menus enfants au restaurant, mon fils n’aime pas les nuggets (ni les frites d’ailleurs, ça c’est bizarre), du coup on lui prend souvent une entrée et un dessert. Les bons restos italiens sont supers en général, ils proposent toujours des assiettes de bonnes pâtes en portion adaptée pour les petits… car il ne faut pas oublier qu’un enfant de 3 ans ne mange pas la même chose qu’un de 8 !
Mais je m’égare, tant le sujet me passionne.
En tout cas, merci pour ce billet inspirant !
Merci Jennifer pour votre message! C’est en effet un sujet qui me passionne aussi, m’interpelle comme vous, convaincue qu’une partie de nos comportements alimentaires adultes dépendent de ce que nous avons reçu (même si on peut inverser une tendance). Enjeu énorme quand on voit les problèmes liés plus ou moins directement à l’alimentation (obésité, diabète, mais aussi blocages psychologiques…).
Les enfants apprécient à certaines occasions d’avoir un menu bien à eux mais je trouve effarant la créativité des marketeurs de l’agro-alimentaire qui arrivent à vendre aux parents des produits soi-disant bons pour la santé de nos bambins mais en réalité plein de sucre ou tout simplement d’une qualité médiocre (par exemple les cordons bleus qui contiennent une quantité infime de viande… de mauvaise qualité).
Eveil culinaire … j’ai beaucoup cette expression, car c’est bien de ça qu’il s’agit ! Je suis tout à fait d’accord avec vos recommandations et j’essaye de promouvoir une posture similaire sur mon blog. Je crois que c’est en voyant tout naturellement ce type d’alimentation à la maison que les enfants apprendront à l’aimer … car non, un enfant n’est pas condamné à n’aimer que les pâtes, le riz ou les pommes de terre ! Merci en tout cas pour vos propos, qui me remotivent dans le « combat » que je me suis choisi !
Bonjour, merci pour votre message et bravo pour votre blog que je suis en train de parcourir ! Bonne journée